Philippe Charbonneaux, qui est né à Reims le 18 février et mort à Saint-Dizier le 4 juin 1998, est un talentueux designer industriel français qui était spécialisé dans l'automobile. Cet homme hors du commun fascine autant les passionnés de design que les passionnés d’automobile. Bien que la scolarité de Philippe est été vraiment difficile car jeune garçon il avait la tête en l'air et passait déjà son temps à dessiner des avions, sa véritable passion était l'automobile. Ce designer encore trop méconnu de nos jours malgré la qualité de l’ensemble de son travail est, grâce à sa famille, entré enfin au Musée de l'Automobile de Reims ou son œuvre est exposée ....
Jeune homme, durant ses temps de loisirs, Philippe Charbonneaux va proposer aux grands carrossiers parisiens en vogue à l'époque comme Franay, Figoni et Falaschi, ou Saoutchick, ses tout premiers dessins de voitures et c'est d'ailleurs Figoni qui le présenta à Delahaye après guerre. Pendant la guerre, Il va effectuer son service militaire dans l'armée de l'air de 1937 à 1939 ou il occupe tout son temps libre en réalisant de nombreuses gouaches des avions engagés dans le conflit. A la fin de la guerre, ses dessins illustraient de plus en plus souvent les couvertures de magazines comme Science et Vie, l’Équipement Automobile, le Monde Illustré, etc ... C'est finalement grâce à ces couvertures, qu'il va se faire connaître et que la grande firme Delahaye va lui confier à partir de 1947 l'illustration de catalogues publicitaires ....
En 1948, Philippe Charbonneaux va finalement franchir une étape très importante dans sa carrière. En effet, la marque Delahaye conquise par toutes ses illustrations de catalogues publicitaires décide de lui confier la modernisation du style et du design de ses voitures. Il se met à l'ouvrage avec talent, et il redessine la silhouette générale de la Delahaye 235 en intégrant astucieusement les ailes et les phares dans un seul ensemble. Il venait d'imposer un style tout à fait nouveau à une époque où tout était encore à faire. C'est à cette époque que le pilote Jean Pierre Wimille sollicitait également Charbonneaux pour dessiner la carrosserie d'une voiture qu'il projetait de produire en petite série. Cette automobile devait être légère et rapide, elle devait aussi proposer trois places de front avec le conducteur au centre, et disposer d'un moteur central arrière. L'aérodynamique était un élément majeur de l'étude et finalement la Wimille fit sensation au salon de Paris en octobre 1948 ....
En 1949, Philippe Charbonneaux est repéré par le géant Américain Général Motors qui le recrute pour une période d'essais de 6 mois. C'était la plus grande époque de Harley J. Earl, le flamboyant patron du design de la GM, toujours à la recherche de nouveaux talents. La GM projetait alors de s'ouvrir plus largement vers le marché Européen, et la sensibilité reconnue du tout jeune designer français ne pouvait être qu'enrichissante pour le département géré par Earl. Mais Charbonneaux déchanta rapidement face aux méthodes de travail américaines car le style y était traité à la chaîne. Le dessinateur n'était responsable que d'un élément du dessin de la voiture, et non de la globalité du design. Au terme de sa période d'essai, malgré toutes les supplications de GM, il décide de plier bagage et de rentrer en France tout en revendiquant fièrement la paternité du design de la jolie Chevrolet Corvette ....
De retour en France au début des années 50, Philippe Charbonneaux va être contacté par Rosengart pour finaliser le dessin de la face avant du nouveau break Vivor que la marque s'apprêtait à commercialiser ainsi que du design général de la mignonne petite Ariette qui sera présentée au salon de Paris en 1951. Il va aussi assurer avec talent l'illustration des catalogues publicitaires du constructeur, mais déjà les jours des Rosengart étaient comptés et la marque cessera rapidement son activité. C'est donc au début 1953, qu'il va ouvrir son propre cabinet d'esthétique industrielle à Paris ou il sera assisté par un jeune styliste alors débutant du nom de Paul Bracq. A cette époque, Philippe fut un véritable "touche à tout" et il travailla dans des domaines différents et très variés tels que l'électroménager, les jouets, la bureautique, la papeterie, le matériel de manutention ou le mobilier urbain ....
Les années 50 s'ouvraient sur une période très faste pour la création de véhicules publicitaires car avec le retour de la caravane du Tour de France, la demande des industriels était importante. Philippe Charbonneaux va profiter de cette aubaine et va même révolutionner ce milieu, en imaginant des véhicules très futuristes, à l'aérodynamisme novatrice et au look accrocheur. Bien que cette période euphorique fut de courte durée, il va concevoir des engins qui vont marquer durablement ce créneau et qui seront construits pas des carrossiers connus comme Le Bastard, Heuliez ou Antem. Un excellent ami, Delahaye, fut pour lui et un client régulier qui l'encourageait à persévérer et ses travaux pour ce constructeur automobile furent nombreux jusqu'à sa disparition en 1954. C'est aussi à cette époque que les plus illustres carrossiers, Saoutchik, Dubos, Letourneur et Marchand, Chapron, Antem ou Franay donnaient forme aux croquis et aux gouaches de Charbonneaux ....
En 1955, Philippe Charbonneaux va recevoir un prix remis par le Groupement Français de la Carrosserie. Il va profiter des années 60 pour dessiner des tracteurs agricoles pour Renault, des cabines de camions pour Unicet, Berliet, Bernard ou Willeme, mais également des embarcations pour la plaisance, des engins militaires, des véhicules d'incendies ou des autobus pour Sovam. En 1960, Renault, se trouvant dans une impasse pour élaborer sa future R-8, décide de prendre conseil auprès du styliste indépendant et le résultat va combler la régie, puis les clients, si l'on en juge par la réussite commerciale de la voiture. Encouragée par ce succès, Charbonneaux fut chargé par la direction de Renault de créer une équipe de style. Il était autorisé à conserver son cabinet, à condition de ne pas engranger d'autres nouveaux contrats. Finalement, en janvier 1963, Philippe va quitter la régie en ayant imaginé et dessiné le profil à la manière d'un boomerang de la future R-16 qui ne sortira qu'en 1965 ....
A partir des années 70, Philippe Charbonneaux va prendre un peu de recul, en s'intéressant à l'histoire de l'automobile. Il avait eu pour habitude de conserver un exemplaire de chacun des véhicules dont il avait signé le design et au fil du temps, d'autres voitures ayant marqué l'histoire de l'automobile française rejoignirent le musée qu'il venait d'ouvrir à Reims. A la fin de sa vie, Charbonneaux s'intéressa aux questions de sécurité routière. De ce travail de recherche vit le jour l'étonnante Ellipsis, présentée au Mondial de Paris en 1992. Celle ci innovait sur de nombreux points, pas d'angle sur la face avant pour éviter les chocs frontaux, quatre roues positionnées en losange, un rayon de braquage exceptionnel, une position de conduite centrale, etc ... En collaboration avec le styliste connu Franco Sbarro sept prototypes furent construits, tous très différents. La 7ème Ellipsis à trois place est motorisée par un 6 cylindres Porsche et sa vitesse maximale théorique est de 300 km/h, grâce à un design soigné et une étude aérodynamique très poussée ....
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vendredi 4 septembre 2015
Par JPB le vendredi 4 septembre 2015, 08:10 - Carrossiers et Designers
La Carrozzeria Bertone est une entreprise de carrosserie automobile italienne fondée à Turin en novembre 1912 par Giovanni Bertone, alors âgé de 28 ans, qui avait initialement comme principale activité commerciale la réparation et la construction de chariots pour la traction animale. Doyen des carrossiers italiens, Bertone a fêté en 2003 ses 90 ans. Une performance exceptionnelle dans l'univers de la carrosserie automobile. Quel est donc le secret de l'extraordinaire longévité de la maison fondée par Giovanni Bertone, le père de Nuccio Bertone qui a reprit les commandes de l'entreprise ? Sans doute la remarquable capacité du père, et encore plus du fils, à déchiffrer les importantes mutations sociologiques et à accompagner l'évolution sociale et industrielle du secteur croissant de l'automobile moderne ....
Au fil de son histoire, la Carrosserie Bertone a épousé son temps, ce que beaucoup de ses confrères n'ont pas su faire. Cette intelligence et cet authentique talent s'incarnent parfaitement aujourd'hui car la conduite des automobiles de demain s'affranchit des commandes mécaniques remplacées par l'électronique. Évoluer ou se crisper sur le passé, s'adapter ou mourir, cette loi fondamentale de la vie, les deux Bertone père et fils l'ont toujours comprise et intégrée dans leur travail. Même si les Bertone n'ont jamais été des stylistes mais des carrossiers de métier, ceci n'altère en rien le véritable amour que les deux hommes portent au style et leurs dons de créateurs à la recherche de formes originales et expressives plus modernes ....
Après la 1re guerre mondiale, Giovanni Bertone reprend son activité au début de l'année 1920 dans un nouvel atelier situé 119 via Monginevro toujours à Turin, avec 20 salariés. Ce n’est que en 1921 que la société recevra sa première commande importante de design et construction automobile, une carrosserie Torpedo, pour la marque SPA. Avec les débuts de l’industrialisation du secteur automobile, toutes les méthodes de carrossage emboîtent le pas et ce sont des chaînes de montage qui assemblent désormais les armatures en bois sur des châssis métalliques. Les belles voitures de l'époque étant de plus en plus rapides et performantes, elles exigent des carrosseries de plus en plus solides et ça tombe bien chez Bertone on sait faire ....
Très rapidement la Carrosserie Bertone est donc sollicité par les plus importants constructeurs automobiles italiens comme Fast, Chiribiri, Aurea, SCAT, Diatto, mais Bertone travaille le plus fréquemment avec Fiat et Lancia. C'est le tout début de la production « Fuori serie » italienne qui fera le tour du monde. La fin des années 1920 voit la réputation de la Carrozzeria Bertone passer un cap important avec la confirmation du design italien. Bertone devient LE designer de référence et signe les modèles de grand luxe comme les Fiat 505, Itala 51S et Lancia Lambda de 1928 ....
Bien que la crise économique de 1929 ait fortement pénalisé quasi toute l'industrie automobile mondiale, la Carrozzeria Bertone maintient son cap et poursuit son développement grâce à une gestion avisée et vraiment rigoureuse. Le jeune fils Nuccio Bertone, à peine âgé de 19 ans, qui s'est fait remarquer durant ses études par ses qualités de dessinateur, fait ses premiers pas dans l’usine de son père en 1933. Suivant ses travaux, en 1934, la Carrozzeria Bertone réalise donc la Fiat 527S Ardita 2500 qui représente, en matière de style, le début d'une révolution du design et de la manière de concevoir la nouvelle génération de voitures. L'aérodynamique devient maintenant un concept à la mode et les carrosseries font état de détails constructifs nouveaux comme l'esthétique. Une calandre avant incorporant les deux phares, la capote qui se loge entièrement dans le corps arrière de la voiture, etc ....
L’arrivée dans l’entreprise de Nuccio Bertone donnera un nouvel élan au centre de design. Les créations Bertone symbolisent le design italien de l’après-guerre et reste la référence en la matière encore de nos jours. La toute première automobile de conception moderne sera la Fiat 1100 dont Nuccio se verra confier la conception et la production de la version cabriolet. La Carrozzeria Bertone sera l’auteur du dessin de très nombreuses automobiles qui marqueront leur temps, entre autres pour Alfa Romeo, Ferrari, Fiat, Lancia, Lamborghini et Volvo. Elle est aussi l’auteur du célèbre et fameux scooter italien Lambretta. C'est à cette époque que Bertone sera très sollicité par les constructeurs étrangers, les anglais pour la réalisation des coupés MG, Bristol et Aston Martin notamment, mais ensuite aussi les allemands comme NSU et plus tard BMW ou également Volkswagen, c'est la réussite tant espérée ....
Les années 1960 représentent l'archétype des GT à l'italienne. Bertone dévoile les magnifiques Alfa Romeo 2600 Sprint, Ferrari 250GT SWB Berlinetta, Aston Martin DB4 GT et Maserati 5000 GT. Il signera également les Simca 1000 Coupé, BMW 3200 CS, ASA 1000, ISO Rivolta GT 300, ISO Grifo, et Alfa Romeo Giulia Sprint. Lors de la création de la marque Lamborghini, Bertone en sera désigné carrossier officiel et sa plus belle réalisation restera la Lamborghini Miura.
Cet atelier de l'art de la carrosserie automobile italienne s'est développé et a connu le succès actuel grâce à son patron Nuccio Bertone, fils de Giovanni Bertone, le fondateur, un homme qui a su gérer son entreprise et garder une main de maître sur l'évolution esthétique et du goût. De grands noms du design ont appris leur métier chez Bertone comme Marcello Gandini et Giorgetto Giugiaro entre autres ....
Malheureusement, dans un monde automobile où 99,9% de véhicules se produisent à la chaîne et de moins en moins en « externe », difficile pour un carrossier de se faire une place. Italdesign et Giugiaro en ont fait les frais tout comme le Français Heuliez, ou l'Allemand Karmann. Dernière victime en date la Carrosserie Bertone qui le 4 Juin 2014 a été déclaré officiellement en faillite, ayant généré 31 millions d'€uros de dettes, concluant ainsi presque un siècle d'histoire. Bien triste final pour cette entreprise qui a construit de merveilleuses voitures pendant 100 ans ....
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